Un voyage dans la Saumaie

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édition Folio

L'Honorable Monsieur Jacques est paru en 1972.



Jacques Soudret, qui est chercheur à Paris, et dont le père tient une pharmacie à Bercourt, épouse la belle Viviane qui habite la Saumaie, une vallée isolée de trois villages, dans les Ardennes. Après quelque temps, inexplicablement, Viviane disparaît. Jacques, le rationnel, entamera alors une longue recherche de celle qu'il aime, hésitant entre une fonction considérée dans la capitale et des errances dans les lieux sauvages de la Saumaie. Il en découvrira, peu à peu, les paysages et les habitants. Il s'y perdra, pour retrouver son aimée, car "une aventure dhôtelienne commence presque toujours par une expérience de l'égarement: il faut se perdre pour que quelque chose arrive"(1)

Et, comme l'écrit Philippe Blondeau, chez André Dhôtel "les lieux sont vivants d'abord parce qu'ils sont la mémoire ou le reflet de ceux qui y vivent et si l'on peut dans une certaine mesure les considérer comme de véritables personnages, ce n'est pas parce qu'ils personnifient symboliquement telle ou telle force, mais parce qu'ils contribuent d'une manière non négligeable à la progression de l'intrigue, à cause, justement, de leurs rapports avec les personnages"(1).

Nous vous invitons ici à découvrir ces lieux de la Saumaie, bois et collines, ruisseaux et prairies, au travers de quelques photographies illustrant cette géographie créée à partir du réel, comme le dit André Dhôtel:

"Une grande partie du travail consiste à tracer des itinéraires sur des cartes géographiques imaginaires. Si la topographie joue un si grand rôle, c'est d'abord parce que j'ai beau inventer des histoires, leur point de départ en est toujours fourni par un lieu réel que je me contente par la suite de transposer"... (2)

(1) Philippe Blondeau "André Dhôtel ou les merveilles du romanesque", L'Harmattan
(2) André Dhôtel, cité par Ph. Blondeau, op. cit.



Les pages sont celle de l'édition de poche Folio de 2003
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… la Saumaie, qui comprenait trois villages dans la vallée du ruisseau, Le Vivier, Hersigny et Mauterre.(p.10)
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Stéphane et Raoul avaient raison de croire que la Saumaie était une contrée pas comme les autres. Elle s'étendait sur quatre mille hectares, de la source du ruisseau jusqu'à une ouverture entre deux longues pentes, du haut desquelles on pouvait apercevoir la grande trouée de la rivière. Tout le pays était enfoncé dans les terres si bien qu'on avait dû dans les villages faire monter au plus haut les antennes de télévision...(p.14)
En outre cette campagne bornée apparaissait vouée à une sorte de désordre, à cause de la diversité des pentes où les prés alternaient avec des bosquets de sapins ou d'érables, des vergers, des épines, à tous les niveaux d'un relief verdoyant et étincelant à la belle saison...(p.14)
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Vers le sud commençaient de vastes champs et à l'est un grand bois s'étendait entre Mauterre et Hersigny.(p.14)
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Ils restèrent longtemps à regarder, par-dessus les toits du village, les bois et les prés baignés dans le soleil du soir.(p.18)
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A Voncq

Là-bas le moulin, dit Athanase…, derrière les arbres… Le ciel…(p.28)
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Mauterre se dresse au-dessus de la courbe du ruisseau, sur une longue arête qui est dominée et masquée par les hauteurs environnantes.(p.68)
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Ils se trouvaient contre le haut mur d’un jardin. Dans le mur il y avait une vieille porte de bois…(p.71)
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L’eau charmante avec les profonds reflets des feuillages et d’un ciel semé de petits nuages blancs. Trois mètres plus bas il y avait un gué où l’eau planait sur du gravier doré.(p.76)
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Les pentes. Ca va dans tous les sens. La Saumaie c’est partout comme ça. Vous pouvez vous perdre dans un pré.(p.80)
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C’était la lisière. Un pré qui dominait une immense vallée.(p.82)
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Jacques garda le silence et considéra la vallée.
Un grand cercle d’horizon avec les silhouettes minuscules de quelques arbres. Au bas du pré une route, celle d’Hersigny à Mauterre qu’il avait suivie cette nuit même. Elle recoupait le bois vers la gauche. De la route partait un chemin vers la rivière.(p.83)
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Le moulin s'élevait à cent pas de la route. C'était une maison importante. Il ne restait rien de l'ancienne roue, pas même une trace dans le mur aveugle qui donnait sur une déviation du ruisseau. Des arbustes empêchaient de distinguer le rez-de-chaussée. Au premier étage six grandes fenêtres aux volets clos. C'était certes une demeure qui pouvait servir de refuge à quiconque désirait échapper aux regards. (p.88)
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… un cultivateur qui possédait de vastes vergers et de bonnes prairies sur Hersigny et sur Le Vivier.(p.115)
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Dans les yeux de Rosalie qui le fixaient il lui sembla que descendaient des flocons de neige, au travers desquels s’apercevait la campagne lointaine de la Saumaie, une perspective de collines telles qu’il les avait vues dans son enfance, rayonnantes de beauté.(p.132)
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Entre Mauterre et Hersigny ce ne sont que des tournants entre les collines qui par endroit descendent presque à pic sur la route.(p.147)
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Qu’est-ce qu’elle dessinait ? s’écria Jacques. La fontaine de Bercourt, l’église avec son horloge, la mairie avec son horloge, une péniche sur la Meuse, le ruisseau...(p.166)
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La matinée avait commencé dans une fraîcheur infiniment gracieuse. Et puis très vite, un chapelet de légers nuages avait entouré tous les points de l’horizon. De Mauterre on les apercevait juste au-dessus des collines. Le haut du ciel pâlissait.(p.182)
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Il remit sa voiture en marche et descendit sur Le Vivier. Il traversa le village et ralentit aux dernières bâtisses qui tombaient en ruine. De magnifiques granges anciennes qu’on avait abandonnées. Les belles toitures crevées. Des poutres tombaient dans l’herbe.(p.211)
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Aussitôt sorti d'Hersigny il grimpa dans le premier pré. Vers le haut de la colline il traversa des vergers déserts. Pas un endroit qui ne fût en pente sinon vers le ruisseau. Des bosquets sur des buttes, des masses de ronces dans des creux. Un étranger, après avoir fait cent pas, pouvait se demander dans quelle contrée il se trouvait.(p.214)
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À mesure qu'on avançait c'étaient de nouveaux sites, tous différents, étendues d'herbe nue jusqu'au ciel, plus loin de vieux pommiers, des cerisiers géants et puis des défilés d'arbustes, des prés entourés d'érables, des allées abritées de trembles qui ne menaient nulle part, interrompues par des affleurements de calcaire avec des thyms, des mauves, certains lieux bizarrement circulaires couverts de graminées coupantes où jaillissaient des mélampyres rouges et des orchidées. Même il y avait de petits précipices du haut desquels on dominait quelques cimes d'acacia. Enfin les ouvertures d'immenses prairies étrangement orientées.(p.214)
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Jacques marcha sur le gravier. Un peu plus loin c’était l’arrivée d’un ruisselet qui glissait sur les cailloux plats. Il s’arrêta et aperçut, dans l’angle de la rive et du ruisselet, de courtes baguettes de bois curieusement disposées.(p.236)
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Le ciel est souvent étrange au-dessus de la Saumaie. D’immenses nappes d’azur et les nuées dans la transparence de l’air semblent soudain très proches sans rien perdre de leur profondeur étincelante.(p.263)
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Ils regardaient maintenant les nuages. Cela aussi c’était la vie de tous les jours les grandes avenues de ciel bleu entre les nuages, mais on ne savait au juste quelle vie c’était.(p.279)
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Le ciel de la belle saison était d’une pureté presque glacée au-dessus des toits d’Hersigny.(p.335)
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… il était parvenu dans ces lieux où se mêlent les bois de peupliers, les buissons, les bosquets et les oseraies.(p.341)
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La rivière reflétait un ciel parcouru de légers nuages.(p.343)
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Des fenêtres on verrait au loin la grande vallée avec la rivière où se jette le ruisseau de Saint-Meen.(p.351)
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