Association des Amis d'André Dhôtel
"Un élève: Est-ce que quelquefois, pour trouver des noms de ville, vous déformez le nom d'une ville réelle ?
André Dhôtel: Oui, ça arrive. Ou bien , on donne le nom d'une ville à un personnage. Mais ce que j'aime mieux, c'est inventer le nom tout court, ou bien je déforme le nom. Par exemple, Attigny, souvent c'est Aigly. Il y a un auttre nom aussi. Puis il y a Vouziers, c'est Verziers, mais quand ce n'est pas tout à fait Vouziers, je mets Bermont. Alors, Bermont, on ne sait pas trop où c'est."
André Dhôtel au CM2 de l'école de garçons d'Attigny, 13 juin 1977 - paru dans Le Curieux Vouzinois, juin 2000
Voyez également la jolie plaquette "Les pays d'André Dhôtel" éditée pour le 100ème anniversaire de la naissance d'André Dhôtel; ainsi que cet extrait du cahier numéro 4, les lieux de l'Homme de la Scierie.
Au bout de cinq minutes, on arriva sur la place. Ou plutôt ce fut comme si la place, au bout de cette rue étroite que les Leban habitaient, venait avec sa lumière au-devant des promeneurs. Par-delà une étendue qui contenait un nombre incalculable de pavés s’élevait la mairie avec ses briques roses et ses clochetons.
Les Rues dans l'aurore
C’était soudain un pays très différent de la plaine d’Aigly et du plateau inégal où la ferme était bâtie en retrait. Surtout remarquable par le désordre des bouquets d’arbres et des hauteurs environnantes. La voie ferrée filait en un tracé rectiligne vers Aigly dont on apercevait la gare à des kilomètres. La rivière disparaissait dans une confusion de feuillages.
L'Azur
M.C.: Et votre fascination pour les voies de chemin de fer ? Pour ces chemins qui ne conduisent nulle part mais qui font peut-être le lien entre la ville et la campagne ?
André Dhôtel: Oui, ça c'est une sorte de vision de rêve je crois. Il y a près du Mont-de-sur trois ou quatre kilomètres. Alors, évidemment c'est assez fascinant pour moi."
Entretien avec André Dhôtel, 15 novembre 1986, in Le Curieux Vouzinois, Juin 2000
Partons de la voie romaine
Invisible dans les terres
Sous les chicorées dont le bleu
Pardonna presque nos péchés.
La Vie passagère
Il y a trois mois que nous sonnes arrivés à Aigly. [...] La grande place (c'est la place Marchal) est entourée de commerces pimpants où l'on voit entrer un client par heure. L'Hôtel de ville est si imposant que personne n'ose monter l'escalier en plein jour. Il faut signaler le kiosque à musique où des fleurs tiennent la place des musiciens qui ne viendront jamais.
La Tribu Bécaille
Juste devant lui c'étaient des bromes frêles. Leurs épis naissants s'élevaient comme au-dessus de l'horizon et entre les tiges il voyait les mille étendues des prés, des jeunes céréales, des friches et des bois dans leur immobilité vivante jusqu'aux confins du ciel. Vivante, mais c'était une autre vie que celle que nous menons.
Lumineux rentre chez lui, p. 161
Ils marchèrent en silence et prirent une ruelle toute proche. Cinquante mètres plus loin se dressait un grand porche qui semblait bien inutile à l’extrémité d’une voie si étroite. Au-dessus des murs élevés s’agitaient les feuillages d’arbres peu communs dans nos campagnes.
- Il y a un jardin assez grand, dit la jeune fille. Je vais vous indiquer maintenant le chemin vers la forêt.
Les Rues dans l'aurore
Il s'aperçut bientôt qu'il s'agissait d'une procession qui s'avançait au son d'une musique composée d'instruments parmi lesquels il y avait un tuba et des cornets à piston.[...] Il y avait des oriflammes de la couleur du ciel en tête de la procession, et la musique vous remuait les entrailles.
Le Neveu de Parencloud
- Je suis parvenu, fit Narvibard, à situer un ancien monastère, dans les environs de Norwé.
- Pas loin de chez Aurore, dit Agathe.
- La principale difficulté, c'est d'en reconstituer le plan. Il y a quelques siècles, un moine y a apporté des fleurs vosgiennes qu'il a cultivées dans la jardin du couvent. Il s'agit de la nivéole de printemps qui fleurit en février.
La Route inconnue
Ils s'assirent sur un banc étroit. De là se découvrait, à travers un grillage, une partie de Vaucelles, avec la campagne environnante.
- C'est la forêt de Mazarin que vous apercevez à l'horizon. Le Mont-Dieu se trouve à l'est, et la route de Sedan passe juste au pied, après avoir traversé le canal au Chesne Populeux.
Le Village pathétique
J'avais eu de la chance, lorsque j'ai pris pour le site les premières photographies du Dhôteland, en août et septembre 2003, de la Saumaie en octobre 2005, d'autres en avril 2014, de bénéficier d'un temps magnifique. En mai 2023, Roland Frankart nous a emmené pour un circuit superbement commenté, malheureusement avec un temps bien gris. C'est une autre atmosphère, qu'il m'a semblé intéressant de reproduire ci-après en noir et blanc.
Ma maison natale a été détruite et reconstruite à deux reprises. Il est vrai qu'on a respecté le plan primitif et reproduit avec assez d'exactitude les deux hautes lucarnes qui existaient déjà en 1870, bien avant que je fisse acte de présence.
Retour, Le Temps qu'il fait, 1990, page 86
Au Mont-de-Jeux, André Dhôtel se baigne volontiers dans une rivière au milieu des prés avec des enfants du pays. Là, il cultive aussi la rêverie, regardant au plus près de lui pour porter ensuite ses yeux clairs sur l'horizon. Il sait que tout buisson peut cacher quelque chose et en demeure heureux et confiant.
Jean Follain, Livres de France, février 1963, page 3. Cité par Roland Frankart dans le cahier nª4, 2006
Ce n'est donc pas pendant quarante, mais pendant presque soixante-dix ans qu'André Dhôtel est revenu chaque été sur les bords de sa rivière, dont on peut dire qu'elle fut le lieu le plus fondamentalement dhôtélien.
Roland Frankart, Un balcon sur la vallée, dans le cahier nº4, Les lieux d'André Dhôtel, 2006
Léon obéit aussi aisément qu’une bête de somme, et s’éloigna.Les lavandières jugèrent bon elles aussi de quitter les lieux. Personne ne cherche d’histoire avec un Grovey qui est capable de ficher le feu à votre maison. L’écluse parut soudain se situer dans un vide paisible et l’on entendit monter le chant de ses cascades.
Les Rues dans l'aurore
La maison de M. Niclaux, l’huissier du Chesne-Populeux est située dans la rue qui longe le canal, à droite avant de traverser le pont, quand on arrive au bourg, par la route de Verziers.
Idylle au Chesne Populeux, dans Idylles
... j'ai toujours les lieux en tête. Il m'est même impossible d'écrire un roman si je n'ai pas un lieu très précis, et c'est toujours du lieu que surgissent les personnages. Un jour je suis parti pour Namur, et j'en suis revenu en me disant que mon livre se passerait à Namur, pas ailleurs. Les personnages ne sont venus qu'après...
"Mais il y a un silence magnifique et de l'espace. Enfin, c'est un pays exceptionnel, et pour tout dire c'est mon pays natal."
La Tribu Bécaille
Au mileu du verger les arbres appartenaient à un autre âge et paraissaient familiers, comme ces êtres de cauchemar qui nous visitent lorsqu'on est enfant et auxquels on s'attache. Des arbres tordus avec d'anciennes blessures qui forment des cavités grimaçantes.
Lumineux rentre chez lui, p.27
A peine était-il sur le talus qu’il aperçut le Mont Damion qui se dressait devant ses yeux, tout proche semblait-il. Ainsi on vit comme un aveugle pendant des heures ou des jours et tout d’un coup la beauté des choses surgit devant vous.
Le Mont Damion
(en parlant des Ardennes)... ce que j'ai remarqué, c'est que c'est un pays où l'on domine souvent de larges étendues, où le regard porte au loin. Il y a des creux, il y a des fonds où on est complètement isolé. Mais très souvent, il y a des ouvertures, ce qui est assez rare."
Entretien avec André Dhôtel, 15 novembre 1986, in Le Curieux Vouzinois, Juin 2000